L’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip) de l’Université de Strasbourg ouvre ces jours-ci la première édition de son offre de formation aux pratiques pédagogiques universitaires. Une série de modules à destination des enseignants pour progresser dans une approche de l’enseignement centrée sur les apprentissages des étudiants.
La création d’une structure de soutien au développement des pratiques pédagogiques dans l’enseignement supérieur est l’un des projets proposés et élus dans le cadre de l’Initiative d’excellence (Idex) décrochée par Strasbourg en 2011. « L’Idip est un outil au service de cette cause », explique Nicole Rege Colet, directrice de l’institut depuis le 1er février dernier*.
Un besoin qui s’est exprimé fortement
L’Institut de développement et d’innovation pédagogiques a construit ses missions autour de trois axes : la formation des enseignants à la pédagogie, le conseil et l’accompagnement, et enfin la recherche appliquée en sciences de l’éducation. « On commence par la formation des enseignants, c’est logique et puis c’est un besoin qui s’est exprimé fortement au cours des nombreuses rencontres que j’ai pu faire depuis mon arrivée à Strasbourg », précise Nicole Rege Colet. L’Idip propose, dès cette année universitaire, trois formules : un cycle de base en pédagogie universitaire, avec quinze modules qui peuvent être suivis en totalité ou à la carte, selon les besoins ; un cycle sur l’évaluation des apprentissages des étudiants (qui vient en soutien à la démarche de mise en place de l’évaluation continue intégrale) ; et, finalement, un cycle sur l’encadrement des doctorants. Les inscriptions sont en cours sur le site de l’Idip.
L’apprentissage au cœur du système
Sur le fond, l’Idip adopte une approche psycho-pédagogique : s’interroger sur la manière d’enseigner dans l’objectif d’améliorer l’expérience d’apprentissage des étudiants. « Cela implique, par exemple, de se poser toujours la question de la finalité d’une formation. Si on a les idées claires sur les objectifs d’un apprentissage, c’est beaucoup plus simple de concevoir des séquences d’enseignement, des programmes adaptés », explique Nicole Rege Colet.
Le travail de conseil et d’accompagnement des enseignants et équipes pédagogiques est lui aussi en émergence. « J’ai déjà travaillé, depuis mon arrivée, avec quelques équipes pédagogiques, ponctuellement, pour faire évoluer la maquette d’un diplôme, ou le contenu pédagogique d’une UE. Pour l’instant, nous sommes une petite équipe – une conseillère pédagogique, une assistante de direction et moi-même. Au cours de l’automne, il est prévu de recruter d’autres conseillers pédagogiques précisément pour développer l’accompagnement. »
Le projet de mise en œuvre du logiciel applicatif Alisée1, qui doit permettre de gérer tous les aspects relatifs au passage d’un étudiant à l’université, fait l’objet actuellement d’une « revue de projet ». C’est-à-dire que son déroulement est en cours de redéfinition. Le point avec Michel Deneken, porteur politique du projet, et Nathalie Vincent, directrice du projet.
Où en est-on, très concrètement, dans la construction du progiciel Alisée ?
Nathalie Vincent : Techniquement, il a été décidé de se concentrer sur le développement de ce qui forme le cœur de métier de l’université concernant les étudiants : le suivi de leur scolarité, qui comprend l’offre de formation, l’inscription administrative et pédagogique dans les différents diplômes, la saisie des résultats aux examens, etc. Nous avons bien avancé sur la brique « offre de formation ». De toute façon, rien ne peut fonctionner sans cette brique. Elle est actuellement en phase de test, par des personnels qui travaillent dans les services centraux ou dans les composantes et sont des utilisateurs éclairés de ces fonctions, voire des experts. Néanmoins, cette construction pose naturellement des problèmes techniques. On rencontre notamment des difficultés de migration des données d’Apogée2 vers Alisée. Or, cette migration est fondamentale car Apogée est la mémoire des parcours antérieurs des étudiants, notamment de tous les diplômés.
Le projet Alisée a en effet un périmètre bien plus large. Pourquoi a-t-il fallu le recentrer sur ces domaines ?
Michel Deneken : Ce recentrage fait suite à une période de questionnement qui a commencé au printemps dernier. Nous avons éprouvé le besoin de faire un état des lieux de l’avancement du projet en nous faisant aider par une entreprise extérieure. Une analyse flash a donc été menée afin d’évaluer si nous allions toujours dans la bonne direction.
En mai, les résultats de l’analyse ont révélé de vraies difficultés et des freins à l’avancement du projet. On ne peut pas dire que cela nous ait vraiment surpris, mais cela a été une opération vérité. Les problèmes identifiés concernaient à la fois des ressources humaines dédiées insuffisantes au regard de l’ambition et du calendrier du projet, et un vrai questionnement par rapport à l’outil choisi. Notre prestataire a aussi connu ses propres difficultés : une fusion d’entreprises intervenue en octobre 2012 avec des changements de personnes à différents postes. Sans doute aussi des difficultés culturelles pour une entreprise américaine : sept niveaux de diplômes dans notre système universitaire, c’est assez incompréhensible pour les non-initiés !
Et donc, qu’est-ce qui se passe maintenant ?
Nathalie Vincent : La décision a été prise de poursuivre le projet avec les mêmes acteurs en revoyant certaines choses. Ellucian a validé les conclusions de l’analyse flash et est partie prenante de la revue de projet.
En juillet, des ateliers de travail ont été constitués autour de six thèmes : gouvernance, méthodologie, architecture technique, fonctionnalités de l’outil, questions transversales, planification. Ils regroupent des personnes qui étaient déjà impliquées dans le projet. L’objectif est de revoir le déroulement du projet pour que les travaux soient plus efficaces et donc moins mobilisateurs, sans dégrader la qualité des prestations attendues et avec une approche réaliste des plannings. À la fin octobre, le travail des ateliers doit être acté et différentes choses redéfinies : mode de gouvernance, circuits de validation, calendrier… Mi-novembre, chaque acteur du projet doit recevoir une feuille de route précise. À la même période, les nouveaux locaux d’Alisée, située derrière le lycée Jean-Rostand, seront inaugurés. L’équipe projet s’y est installée au début de l’été dans 500 mètres carrés dédiés. Quarante personnes au total, agents de l’université et salariés d’Ellucian. On attend beaucoup de cette unité de lieu.
Michel Deneken : Cette revue de projet peut apparaître comme une perte de temps, mais ce travail de redéfinition était nécessaire pour restaurer la confiance dans l’outil, qui a été bien écornée par les difficultés du projet. À un moment, les acteurs d’Alisée finissaient par craindre que le nouveau progiciel soit moins performant qu’Apogée. Or, ce qui motive les équipes, c’est le caractère innovant d’un projet !
Propos recueillis par Caroline Laplane
L'Université de Strasbourg s'associe à la campagne internationale d'envois de lettres au ministre de la Justice turc en soutien à Pinar Selek.
La sociologue turque Pinar Selek, qui est toujours aux prises avec la justice de son pays, termine un doctorat en sciences politiques à Strasbourg, où l’université lui a accordé sa protection académique. Après 15 ans de bataille juridique, et trois acquittements, qui ont été chaque fois cassés, Pinar Selek a été condamnée à la prison à vie le 24 janvier dernier. Elle se trouve dans l’impossibilité de rentrer dans son pays, et d’y poursuivre ses recherches.
Son collectif de solidarité lance une campagne d’envois de lettres au ministre de la Justice turc, qui dénoncent le caractère politique de sa condamnation. La campagne est internationale et à l’initiative du comité de soutien universitaire, notre établissement s’y associe. Dans le courant du mois d’octobre, tous les personnels et les étudiants qui souhaitent soutenir la sociologue sont invités à participer à cette campagne en envoyant leur propre lettre, en s’inspirant de modèles proposés en téléchargement (modèle personnels, modèle étudiants).
Les lettres peuvent être envoyées par courrier interne ou courrier postal à l’adresse suivante : Comité de soutien Pinar Selek, 4 rue Blaise-Pascal, 67081 Strasbourg Cedex. Le comité se chargera de l’expédition des toutes les lettres au ministère de la Justice turc.
Envoyez votre info à lactu@unistra.fr avant le mercredi 9 octobre midi pour une parution le vendredi 11 octobre 2013. Consultez les dates des prochains numéros.